Aide d’urgence de Courbevoie pour les populations arméniennes en Artsakh (Haut-Karabagh)

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Jean-Jacques Saradjian

Cher Monsieur Le Maire, Chers Amis, Chers Collègues,

Les circonstances géopolitiques font que j’ai besoin de partager avec vous ce qui me préoccupe depuis le 27 septembre dernier.

Depuis ce jour-là, avec mes amis, nous vivons avec notre tête dans la guerre et notre cœur à l’Est.

Depuis le 27 septembre dernier, le conflit entre l’Azerbaïdjan et les Arméniens de l’Artsakh embrase le Caucase du sud autour de l’enclave de l’Artsakh avec comme épicentre sa capitale, Stepanakert.

Ce conflit entre les Arméniens de l’Artsakh et l’Azerbaïdjan peut vous paraitre loin mais en réalité, les ramifications de ce conflit peuvent demain arriver dans la méditerranée qui est à quelques km de chez nous, ici à Courbevoie. Je vais vous expliquer pourquoi.

 

Mais avant cela, voici un bref rappel géographique et historique :

L’Artsakh (nom arménien du Haut-Karabakh) est une enclave située entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les Arméniens y vivent depuis l’Antiquité. Sa population est à 95% arménienne.

Les Arméniens ont été les premiers à adopter officiellement le christianisme comme religion d’État dès 301 et ont été victimes d’un terrible génocide qui a vu, il y a environ un siècle, l’extermination de plus de deux millions d’humains (hommes, femmes, enfants) par les Turcs de l’Empire ottoman.

En 1921, le bureau caucasien du Comité central du parti bolchevik (le Kavburo composé de 7 membres), sous la supervision de Staline, après avoir voté à 4 voix à 3 en faveur d’un rattachement à l’Arménie, finalement décide de revenir sur cette première décision et du rattachement de cette enclave à la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan (l’Azerbaïdjan est soviétisée en avril 1920).

En 1923, cette enclave devient une république auto-gérée.

La situation n’évolue pas jusqu’en 1988, où la région autonome s’autoproclame le 20 février 1988 comme République Socialiste Soviétique à part entière, à égalité avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

En date du 7 juillet 1988 et selon la résolution du Parlement européen, « Le Parlement européen soutient la demande de réunification de la minorité arménienne à la République d’Arménie. ».

C’est le début du conflit, d’abord marqué par plusieurs pogroms anti-arméniens dont le plus connu est celui de Soumgaït près de Bakou.

La dislocation de l’URSS en 1991 entraine l’indépendance de fait de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie. L’Assemblée nationale de cette république proclame l’indépendance du pays le 2 septembre 1991, confirmé par référendum le 10 décembre 1991 avec une écrasante majorité de « OUI ».

Le 20/02/2017, un référendum entraine une présidentialisation du régime. Le pays devient « la République de l’Artsakh », avec un Président, un parlement, et un gouvernement.

Sa reconnaissance internationale reste à établir, mais sa volonté de faire partie un jour de l’Arménie est toujours aussi inébranlable.

Depuis le 27 septembre 2020 donc, l’Azerbaïdjan a déclaré la guerre aux arméniens de l’Artsakh, reprenant un conflit qui était gelé depuis presque 30 ans.

Depuis le 27 septembre dernier, en pleine seconde vague de la COVID19, l’Azerbaïdjan, soutenue par la Turquie, l’Iran et des mercenaires djihadistes, lance un véritable blitzkrieg contre l’Artsakh.

Ces mercenaires sont recrutés par centaine de milliers en Lybie, en Syrie et envoyés en Azerbaïdjan pour combattre contre les forces arméniennes

La Russie, elle, soutient l'Arménie et les Arméniens.

 

Des soutiens qui font craindre une internationalisation du conflit.

Aujourd’hui, les arméniens de l’Artsakh ont besoin de nous. Aujourd’hui encore le conflit a vu la destruction de l’hôpital maternel et infantile arménien de Stepanakert (capitale de l’Artsakh)  par l’aviation azerbaïdjanaise.

De plus, la Turquie met à la disposition des azéries ses appareils aériens, sa force aérienne de combats, une partie de ses équipements en drone de combat pour pouvoir contribuer, aider l’Azerbaïdjan à écraser ce qui, pour les plans néo impérialistes de M. Erdogan est juste une épine dans son pied, c’est-à-dire l’Arménie. L’Arménie et l’Artsakh sont situées entre la Turquie et les peuples turciques d’Asie centrale dont l’Azerbaïdjan est le 1er partenaire quand on regarde à l’Est de la Turquie. Ce qui signifie que l’objectif stratégique militaire de la Turquie dans cette affaire-là est de réussir à couper l’Arménie par un corridor direct pour pouvoir rejoindre l’Azerbaïdjan et depuis l’Azerbaïdjan l’Asie Centrale. Mais la Turquie ne se contente pas d’agir à son Est.

Cinq, pas moins, c'est le nombre de fronts sur lesquels le président turc, M. Erdogan, intervient, plus ou moins les armes à la main : l’Artsakh, la Syrie, la Libye, Chypre et la mer Egée.

Où s’arrêtera la Turquie de M. Erdogan si la France d’aujourd’hui ne se lève pas pour l’arrêter. La Turquie de M. Erdogan, qui est un membre de l’OTAN, qui est censé être notre partenaire et notre allié dans toutes les décisions stratégiques dans lesquelles la France est impliquée et dans lesquelles l’Europe est impliquée.

Il y a eu 2 tentatives de cessez-le-feu humanitaire amenées par la Russie, avec l’aide de la France, et nous lui en sommes très reconnaissants, les 10 et 17 octobre.

Ces cessez-le-feu humanitaires devaient servir à pouvoir se restituer les corps et les prisonniers de guerre. Ils n’ont pas été appliqués. L’Azerbaïdjan n’a pas d’intérêt à récupérer les corps car ce sont des corps de mercenaires donc ça leur est presque égal. Ce n’est pas le cas pour les arméniens. Nous avons perdu 404 soldats. 404 soldats pour un pays de 3 millions d’habitants. Chacun de ces soldats est une perte irréparable.

M. Erdogan ne cache pas son ambition, il le dit « nous finirons le travail commencé par nos grands-parents il y a 100 ans ».

C’est un moment où il ne faut pas se dérober par rapport à nos responsabilités. Il faut prendre parti, il y a des gens qui sont attaqués, il y a une population qui est attaquée. La population a besoin de nous.

On le doit aux familles qui sont là-bas, nous le devons à ce qui a été l’histoire de l’Arménie. Nous le devons aux familles arméniennes qui sont dans notre ville.

Eux n’ont pas courbés la tête quand la France avait besoin d’eux.

C’est un moment où la ville doit répondre à l’échelle de ses possibilités.

Pour mémoire, la ville de Courbevoie compte une communauté arménienne de 150 familles qui compte sur nous.

Depuis 2017, la Mairie de Courbevoie commémore le génocide des arméniens et j’ai eu des retours très positifs sur les actions déjà réalisées dans notre commune.

 

Dans ce contexte, je souhaiterais que le conseil municipal appelle à une délibération tendant vers l’octroi d’une aide d’urgence exceptionnelle en faveur du Fonds Arménien Mondial représenté par le Fonds Arménien de France.

Le Fonds Arménien de France est une association apolitique qui est soutenue par le gouvernement arménien et les dons provenant du monde vont vers le Fond Arménien Mondial de tous les pays.

 

Je vous remercie de votre attention.

Jean-Jacques Saradjian

Jean-Jacques Saradjian

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